LOU COUTET: 9 SONGS

 

MOI

 

 

vagabonde aux airs de complete unknown 

je me frotte les yeux avec des taches de soleil 

et des chairs rouges d’amants trouvés 

dans les bouches du monde 

seuls les chats fous ont le passe d’entrée 

pour la cérémonie du changement de peau 

un rite chaman chaque soir à 22h22 

où je marche sur du verre pilé 

où je m’arrache les peaux de tristesse 

à la pince a épiler 

où je danse nue en fixant le mur jaune 

et l’ouverture grise de la cigarette 

qui s’envole sans que je puisse la finir.  

 

 

Insominia I

 

 

J’ai dans la nuit des flashs, des images chamaniques. Des étoiles blanches et rouges sur de grands arbres aux branches infinies. Des fous qui suivent la route et dont les yeux regardent à l’envers. À leurs pieds le goudron chaud qui recouvre leur peau cramée.

Des routes, des routes, des routes.

sans promesse d’un ailleurs. 

 

 

ERO II

 

 

Langue 

entre les cuisses 

terre 

dans la bouche 

bulles 

sur le ventre 

haleine 

sur les ouvertures 

 

oui 

j’ai un peu pensé à toi après avoir joui.

 

 

 

Paris la nuit...

 

 

Paris la nuit a la couleur des chairs saisies par

les douleurs crevées processives

la couleur des enveloppes frileuses

abandonnées par les langues

Paris la nuit a la couleur des passages qui baisent

les insomnies

des verts et des jaunes dans un ciel enfumé

la couleur des eaux qui piétinent nos visages

d’en haut

Paris la nuit a la couleur des autres temps qu’on

lit depuis la fenêtre 

la couleur des vus, des sentis, des acides, des inondés la couleur seule d’une parade entre deux pavés Filles du Calvaire Paris la nuit a la couleur du vin descendu pour conjurer le mauvais sort

 

 

Tu étais là noyé... 

 

 

T’étais là noyé dans mon verre de vin que je prenais en solitaire dans un bar type bocal-à-gens à Nation t’étais là mais là loin t’étais mon compagnon de ligne du week-end vagabond où j’étais seule. 

 

J’aurai bien voulu voir un autre genre de la ville avec toi. Avec les endroits que t’aimes et les endroits où t’inventes des histoires comme celle où Rimbaud a tué Verlaine.

 

 

Rêve 

 

 

J'étais la maîtresse du peintre. 

Et chez lui c'était un bel endroit chaud 

Qui sentait le tabac et dont les murs étaient remplis de tableaux, dessins, photos. 

On se courait après dans la maison, 

On riait. 

On avait nos crânes collés par les mêmes pensées 

Sa femme était là. 

Jalouse, elle nous observait de loin, 

Je mettais des spirales colorées dans les yeux de mon mari. 

Elle a fait venir l'ambulance 

Elle a prétextée que j'étais folle.

 

 

Le sang coule entre mes cuisses...

 

 

Le sang coule entre mes cuisses jusqu’au sol fertile de ma pensée. Moi, plongée dans l’eau opaque du bain. Les gouttes roulent sur le carrelage sale et dans mon dos. Je vois les formes secrètes qui jugent. Puis, le sentiment de nul-part me prend. 

 

 

 

Tu as dit NY...

 

 

Tu as dit NY, j’ai répondu Paris. 

Même le soleil de nuit n’a pu départager 

Les yeux de Paris étaient fixés sur mon sexe 

Et la main de NY a touché ton épaule 

Pour toujours plus de promiscuité 

Entre nos ombres.

 

 

 

DISORDER

 

 

 

mauvaises fréquentations

 

se frotter l’épiderme

 

sur le ciment des buildings

 

et perdre ses phalanges

 

sur les pierres des routes

 

  

 

prendras tu ma main si je traverse le parc sans mes yeux ?

 

entendras tu mes ongles qui rongent le plancher ?

 

joueras tu ?

 

jouons

 

jouons à attendre le dernier moment pour traverser la rue

 

jouons à attendre le dernier message

 

jouons a mordre les dents des gens qui rient trop fort

 

foutons du son pénétrant dans mon mal de crâne

 

encore

 

encore

 

bousculons

 

hurlons la nuit

 

pleurons un peu 

 

Write a comment

Comments: 0